Réguler l'usage des écrans pour les enfants et les adolescents à la maison
Les enfants et les adolescents ont besoin d'un cadre pour bien grandir et se développer. De même qu'on recommande aux enfants une alimentation équilibrée, une activité physique quotidienne, et un temps de sommeil suffisant, nous suggérons de leur fixer des limites pour réguler leur temps d'écran et contrôler leur activité numérique. En effet, le rapport Enfants et écrans - lien externe remis le 30 avril au Président de la République par la commission d'experts montre un lien direct entre l'hyperconnexion des enfants et leur alimentation, leur sédentarité et leur manque de sommeil. Les conséquences sur leur santé physique et mentale sont capitales.
Avant 15 ans, il nous semble que les enfants et les adolescents n'ont pas besoin d'avoir un téléphone avec accès internet : nous encourageons les familles à s'engager par le Pacte Smartphone - lien externe à repousser collectivement l'âge du premier smartphone pour renverser la pression sociale. Les parents d'élèves d'une même classe peuvent créer ensemble un pacte local. De nombreuses ressources (affiches, textes de pacte à copier et adapter) sont disponibles sur le site du Pacte Smartphone - lien externe. En attendant, des solutions existent pour permettre aux collégiens d'utiliser des téléphones portables sans connexion à internet (The Phone - lien externe).
Au quotidien, nous recommandons de respecter la règle des Quatre Pas - lien externe de la psychologue Sabine Duflo :
- Pas d'écran le matin : en effet, les écrans fatiguent l'attention et vont empêcher les enfants de bien se concentrer sur les apprentissages.
- Pas d'écran durant les repas : en effet, les repas sont des moments où la famille se rassemble et discute. Ils développent les liens et offrent à l'enfant un précieux espace d'expression de soi, et donc aussi, d'expression orale. Si la télévision est allumée, ou que le parent consulte son portable, ou encore laisse son enfant consulter son écran, cela restreint les échanges, la convivialité, et les progrès de l'enfant dans ce qui est la base de son apprentissage : l'expression linguistique.
- Pas d'écran avant de s'endormir : en effet, la lumière bleue des écrans empêche la production de mélatonine, l'hormone du sommeil. Au contraire, la lecture calmera l'enfant et le préparera au sommeil. Il est possible de lui faire la lecture ou encore de lui raconter des histoires, même s'il sait déjà lire. Cela permettra de dépasser l'interdiction, et de la remplacer par une activité plaisante et stimulante, qui tisse des liens entre l'adulte et l'enfant.
- Pas d'écran dans la chambre de l'enfant : en effet, si l'écran est dans la chambre de l'enfant, le parent ne peut contrôler ni ce qu'il regarde, ni le temps qu'il y passe. Par ailleurs, l'enfant a tendance à ne plus jamais être seul ni inoccupé. Il développe donc moins son imaginaire et sa confiance en lui. Ce sont pourtant des apprentissages essentiels pour avoir une vie épanouie et réussir scolairement !
Accompagner l'enfant et ouvrir un dialogue régulier sur ses usages numériques
Nous suggérons aux parents d'accompagner leurs enfants dans leur usage numérique pour prévenir les dangers liés à l'exposition à des contenus inappropriés tels que la pornographie. Pour cela, les familles peuvent utiliser des outils de contrôle parental, disponibles sur la plupart des appareils numériques, qui permettent de filtrer les contenus inadaptés et de limiter les interactions avec des inconnus. Nous recommandons d'activer ces dispositifs sur tous les appareils accessibles aux enfants.
De plus, nous conseillons aux parents d'ouvrir un dialogue régulier avec leurs enfants sur les dangers des contenus violents ou explicites en ligne. Il nous semble crucial de sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge car ils sont exposés de plus en plus tôt à des contenus qu’ils n’ont pas la maturité d’appréhender. Ils peuvent comprendre que tout ce qu’ils postent en ligne - ou que leurs amis postent sur eux - reste (sauf en cas de démarches longues et difficiles qui n’aboutissent pas toujours). Dans tous les cas, il est important que les enfants sachent qu'en cas de doute ou de malaise, ils doivent trouver un adulte de confiance avec lequel échanger.
Un autre aspect à ne pas négliger est le harcèlement entre camarades d'une même classe via les messageries. Les groupes de discussion sont parfois être des espaces où les moqueries, les insultes et le harcèlement prennent place en dehors de l'école. Nous recommandons aux parents d'être particulièrement vigilants sur les échanges qui ont lieu dans ces espaces numériques. Il peut être nécessaire que les parents revoient de temps à autres les contenus des groupes de discussion de la classe afin d’échanger par la suite avec leurs enfants. Les familles peuvent également se coordonner avec l'établissement scolaire pour instaurer des règles claires autour de l'usage des messageries entre élèves.
Libérer du temps pour le jeu et pour l'ennui
Les enfants et les adolescents ont besoin de temps déconnecté, pour pratiquer des activités structurantes et épanouissantes (jouer, faire du sport, observer les adultes, lire...)
Il est bon que les enfants aient du temps libre, et s'ennuient. La sursollicitation numérique les prive du temps libre qui leur permet de développer leur imagination et leur créativité pour trouver par eux-mêmes comment s'occuper. Il faut donc avant tout déculpabiliser !
Nous considérons que tout le temps quotidien "déconnecté" que les enfants et les adolescents passent avec leurs parents est bénéfique. En effet, les interactions réelles familiales sont essentielles au développement de l'enfant. Il est conseillé aux adultes de mettre de côté leur smartphone (dans une boîte, ou dans une pièce identifiée de la maison) pendant qu'ils s'occupent de leurs enfants, pour ne pas risquer d'être distraits par des notifications. C'est ce qu'on appelle la "technoférence": pour citer le rapport Enfants et écrans - lien externe, "la Commission souhaite en particulier appeler à une grande vigilance, a minima jusqu’aux 4 ans de l’enfant, dans l’usage qui est fait des outils en leur présence par les parents, mais aussi plus généralement par les professionnels en lien avec la petite enfance : mécaniquement, cette « technoférence » qui affecte la quantité et la qualité des interactions avec l’enfant peut altérer, en cascade, les capacités socio-émotionnelles et le développement du langage. L’adolescence est aussi une période vulnérable à ce titre sur le plan psycho comportemental." Se raconter sa journée, faire un jeu de cartes, préparer un repas ensemble sont des moments clefs faciles à mettre en place pour reconnecter les enfants et les adolescents au réel.
S'informer et agir ensemble
C'est de manière collective que nous pourrons reconnecter enfants et adolescents au réel face à l'ampleur du phénomène numérique. Par les Pactes Smartphones - lien externe, les parents peuvent s'engager collectivement.
Les familles peuvent solliciter les chefs d'établissement pour qu'ils fassent venir des associations - lien externe de prévention sur les écrans, et pour qu'ils s'engagent à faire respecter par les équipes pédagogiques le droit des élèves à la déconnexion.
Nos enfants peuvent nous amener à nous interroger sur notre propre rapport aux écrans. Quelques oeuvres à lire ou regarder pour nourrir la réflexion : La Fabrique du crétin digital et Faites les lire de Michel Desmurget, Anxious Generation de Jonathan Haidt, "Derrière nos écrans de fumée", film de Jeff Orlowski.